À la voûte, du ciel planait un vieux condor,
Bien au-dessus des Andes,
Et ses ailes d'azur, ouvertes toutes grandes,
Ne paraissaient en bas qu'une paillette d'or,
Reflétant le soleil dans cet immense espace.
Mais de si haut, que voyait le rapace ?
Etaient-ce les deux océans,
Que séparent des pics géants
Parés de magnoliers et couronnés de glace ?
Ou bien leurs vastes contreforts
Plongeant jusqu'au fond des abîmes.
Eperons escarpés, gigantesques, sublimes,
Des flots tumultueux bravant tous les efforts ?
Non ! il ne découvrait, le vil oiseau de proie,
Dans cette immensité,
Et ne distinguait avec joie
Qu'un pauvre mulet débâté,
Mourant, délaissé par son maître,
Et dont il pensait se repaître.
Le reste, il ne le voyait pas.
O divine nature ! O touchante harmonie !
Pour les condors, vous n'avez point d'appas,
Et l'homme seul comprend votre profond génie.