Sur les flots bleus de la mer du Tropique
On voit filer une flèche d'argent,
Petit Poisson qui dans la vague pique
En s'élevant hors de son élément.
Parfois aussi sur cette mer profonde,
Une Baleine, un vrai léviathan,
D'un jet brillant raye l'azur de l'onde,
En soufflant l'eau par son énorme évent.
Petit Poisson à l'écaillé bleutée
Qui follement t'aventures dans l'air.
En agitant ta nageoire argentée
Où le soleil met des rayons d'or clair,
Tu te moquais de cette grosse mère,
Noire et pesante, à l'énorme museau,
Fottante épave, en lui disant : « Ma chère !
Vraiment ton sort ne me semble pas beau.
Je suis poisson, mais quelquefois je vole,
Pour mon plaisir faisant ainsi l'oiseau,
En freluquet, et je change de rôle,
Tu n'es toujours qu'un gros poisson dans l'eau ! »
Et ce disant le petit téméraire
Passait et repassait au ras de l'eau,
Tout en narguant la grosse débonnaire
Et lui frôlant de très près le museau.
Elle bâilla, décrochant sa mâchoire,
L'étourneau fut gobé par son fanon :
C'est souvent le sort que garde l'histoire
A celui qui n'est ni chair ni poisson.