Près du palais des rois une tente dressée
Semble du palais même égaler la hauteur.
Quel est l'illustre voyageur
Que visite la foule empressée ?
Dans ce vaste séjour à la hâte construit
Pour la faveur d'être introduit,
On acquitte un impôt, son produit est immense.
Le beau monde, les grands seigneurs,
A ce nouveau venu tous rendent les honneurs.
Des princes l'auguste présence
Vient encore embellir ce glorieux concours
Et laisse des témoins de leur munificence ;
Un fleuve d'or, ici, semble porter son cours.
Combien l'objet de tant d'hommages,
Riche de tant de dons, doit être heureux et fier !
Comme il doit se glorifier
De réunir ainsi tous les suffrages !
Qu'il me soit permis, à mon tour,
De faire agréer mon offrande
Et de présenter ma demande
Afin d'être admis à sa cour,
Et puisse un regard favorable,
Un gracieux sourire arriver jusqu'à moi !
J'entre.... ô surprise ! ô spectacle effroyable !
C'est un squelette que je voi !
Pauvre baleine, hélas ! que sont pour toi
Les fastueux tributs dont t'entoure le monde ?
Que n'es-tu, dans l'oubli, restée au sein de l'onde ?
Par un éclat trompeur éblouissant les yeux,
La vanité parfois peut exciter l'envie ;
Mais pénétrez ses secrets ténébreux,
Tout en elle est privé de vie.
Note de l'auteur : Tout Paris, sous la Restauration, courut voir le squelette de cette baleine, qui était exhibé sous une vaste tente dans le jardin des Tuileries.