La Chèvre et la Brebis Fables Sénégalaises

Une Chèvre pétulante
Trottait, bondissait, courait
Capricieuse bruyante
De la plaine verdoyante
A la côte, à la forêt.
– « Quoi nul repos ! Quel démon vous tourmente ?
Lui dit un jour la tranquille Brebis.
Pourquoi sans cesse agiter votre vie ?
Nous avons dans la prairie
De l'herbe fraîche un pâturage exquis
Broutez en paix; buvez à la fontaine;
Faites l'amour, sans amoureuse peine,
Et dormez tout d'une haleine.
C'est mon régime, et je m'en trouve bien.
« Certes, ce n'est pas le mien.
Je hais la monotonie ;
Pour moi, dormir c'est mourir.
J'aime à m'agiter, courir ;
Pour bien jouir de la vie,
Je l'use dans tous les sens,
J'en poursuis, j'en multiplie
Les trop fugitifs instants.
« Mais, ma chère, c'est folie;
Si vous saviez les charmes du repos,
Le doux plaisir de la mélancolie,
Vous changeriez de propos. »
« Plaise au ciel que je l'ignore
Je bondis dans cet espoir.
Adieu, cousine, au revoir. »
La Chèvre, parlant encore,
S'enfuit vite et disparaît.
La Brebis, d'un air distrait,
Reste longtemps béante sur la grève,
Le cou tendu comme un mouton qui rêve.

Selon le naturel et le tempérament,
Le bonheur pour chacun diffère.
La raison le calcule en vain comme une affaire
Il a son premier élément
Dans la trempe du caractère,
II est tout relatif et tout de sentiment.

Fable 7


Notes de la fable 7

IL existe, au Sénégal, deux espèces principales de chèvres. La grande espèce ressemble assez a celle qui est commune en Europe; cependant elle a les jambes plus élevées elle est plus élancée, et les femelles ont généralement le poil ras; les boucs ont, au contraire y des soies longues et fines qui pourraient rendre les croisements de leur race précieux à l'industrie manufacturière...


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