Birarn venait de vendre à Moktar son Cheval.
Ils voyageaient de compagnie.
L'acheteur cheminait monté sur l'animal;
L'autre suivait à pied, triste et séchant d'envie.
Vint l'heure du repos. Nul abri, nul couvert
Ne défendait nos gens du soleil du désert ;
Le vendeur se couchait à l'ombre raccourcie
De son ancien coursier. L'acheteur réclamait
« Ce Cheval m'appartient, disait-il en colère;
J'ai seul droit à l'ombre qu'il fait. »
La mobile oasis fut un sujet de guerre.
On s'est battu pour moins. Le vendeur répondait
« Souviens-toi mieux de notre affaire.
Oui; je t'ai vendu l'animai
Mais je ne t'ai pas vendu l'ombre.
« C'est vrai, dit l'acheteur, la ruse n'est pas mal.
Hé bien! chacun son lot: reste au frais sans encombre. »
Et puis, au grand galop, il partit à cheval.