Ln chevalier, partant pour chercher aventure
Et pourfendre en chemin fantômes et sorciers,
Paré de sa cuirasse et d'oripeaux guerriers,
Fit devant son perron arrêter sa monture;
Puis, du noble animal réclamant le concours.
Avant d'aller se mettre en selle,
Il crut devoir lui faire un solennel discours.
" coursier fougueux et fidèle.
Ecoute, lui dit-il ; partout où ton regard
Verra s'ouvrir l'espace à ta noble furie,
Par monts, par vaux, vole au hasard,
Selon l'antique loi de la chevalerie.
Et cherche, dans le champ que tu vas parcourir.
Le temple de l'honneur qui pour nous doit s'ouvrir.
Quand j'aurai fait sentir ma fureur vengeresse
Aux ennemis du genre humain;
Quand du peuple chinois une auguste princesse.
Pour prix de mes exploits m'aura donné sa main;
Quand j'aurai dispersé tyrans, sorciers, fantômes,
Et soumis à ma loi trois ou quatre royaumes,
Combien, mon noble ami, tes destins vont changer!
De tes travaux guerriers j'aurai bonne mémoire;
Puisque lu prends part au danger,
Tu dois prendre part à la gloire !
Comme un vaste et brillant palais
Je bâtirai ton écurie.
Et tu pourras, dans un pré toujours frais,
Paître, durant Tété, l'herbe la plus fleurie.
Si tu connus à peine ou l'avoine ou le son,
Tu dois à d'autres mets puiser à pleine gorge :
Ta nourriture sera l'orge,
L'hydromel des dieux ta boisson ! »
A ces mots, l'orateur, sautant sur sa monture,
Laisse la bride au vent flotter à l'aventure.
Le boursier prenant son élan,
Sans écouler l'honneur qui crie,
Pour accomplir un si beau plan.
Porte son homme... à l'écurie.