Entre deux coqs brûlés des mêmes feux
Une poule survint, et la guerre allumée
Après plus d'un combat ne fut enfin calmée
Que par la mort de l'un des deux.
Il n'en est pas ainsi dans toutes les espèces,
Notamment chez messieurs les chiens.
Entre les prétendants les belles pécheresses
Sont aussi pourtant, j'en conviens,
Le prix de la valeur ; mais chez eux point de guerre,
Un coup de dents suffit pour terminer l'affaire ;
A moins que les deux champions
Tous deux presque d'égale taille
Ne conservent sur la bataille
Chacun en sa faveur quelques illusions ;
Mais encor qu'incertain alors soit l'avantage
On ne voit pas toujours le combat s'engager,
Si la force est la même, avec même courage,
Parfois on n'ose pas affronter le danger.
Il en est que la crainte arrête,
Et ce sont ceux qu'on croit, dans les premiers moments
Les plus prêts à se tenir tête,
Si l'on en doit juger par tous leurs aboiements ;
Mais ce n'est rien que bruit, inutile bravade
Pour cacher une reculade.
J'en vis deux l'autre jour qui se montraient les dents,
Qui grognaient et jappaient à faire peur aux gens.
On aurait cru qu'après telle menace
L'un des deux pour le moins allait rester sur place,
Mais ils se séparaient sans en venir aux mains,
Lorsqu'un troisième arrive et trouble leurs desseins.
Il ne fait pas de bruit et ne bat pas la charge,
Mais sachant ouvrir à propos
Une gueule solide et large,
Il tombe sur les deux rivaux,
Que sans efforts il met en fuite.
De ce récit quelle est la suite ?
C'est que le lâche sans combat
Le plus souvent crie et menace,
Quand le brave en vaillant soldat
Sans bruit combat avec audace.