Une Chenille avide
Disait : je n'ai plus d'appétit ;
Je sens mon corps devenir plus petit,
Et ma peau se tanne et se ride.
C'est fait de moi : je deviens Chrysalide.
Ô Destin rigoureux !
Race infortunée et maudite !
Voilà pourtant le fort affreux
Où toute Chenille est réduite !
En parlant l'Insecte s'endort
De ce profond sommeil qu'il prenait pour la mort.
Mais près du moribond timide,
Le Papillon, léger, brillant,
Qui vole au gré du plaisir qui le guide
Au sein du plus bel ornement,
Sachant bien que la Chrysalide
Allait tantôt en faire autant,
Plaignait la Chenille stupide
De craindre le fort qui l'attend.