Fuyant au loin le bruit du monde,
L'Ours, le Marmot avec le Chien ;
Suivaient leur course vagabonde,
Quand uncheval sur leur chemin,
’ Demandeà labande nomade,
« Au loin quel fut votre métier ? »
L’Ours répondit : « A mainte aubade,
Je dansais comme un loup cervier,
A qui l’on tient la bouche close. »
« Pour moi, j'étais plus malheureux, »
Réplique Azor, « mon lit de rose,
Fut de danser le ventre creux. »
« Ah! tout cela est mon histoire, »
Se mit à crier le Marmot,
« Quand je voulais manger ou boire,
L'on me fit sentir le tricot. »
« Heureux sans doute étaient vos maîtres,
Qui devaient rire volontiers ?
« Oh non, c’étaient de tristes étres,
Qui toujours marchaient sans souliers ;
Le dégout creusait leur visage,
Et s'ils chantaient soir et matin,
Co n'stait point aleur usage,
Mais c’était pour gagner du pain. »
« Bon, je vois que le sort vous venge,
Chanter, danser, c'est bien égal,
Si c'est Ja faim qui les démange,
Vous les valez, » dit le cheval.