De Flore le volage amant,
Par son agréable murmure,
Avait réveillé la nature ;
Et la nature, en s'éveillant,
Répondait par un doux sourire
Aux empressements de Zéphire,
De phébus les rayons dorés
Semblaient rendre la vie au monde ;
Par sa chaleur douce et féconde,
Il avait émaillé les prés.
L'humble et timide violète
Embaumait déjà les vergers ;
Déjà les amoureux bergers
De leur tendre bergère en paraient la houlette.
Sur des gazons fleuris on voyait les agneaux
Jouer, sauter, bondir, courir à la mamelle
De la brebis qui les appelle.
L'hirondelle effleurait la surface des eaux ;
L'abeille, sur les fleurs qui ne font que d'éclore ;
Pillait en bourdonnant les trésors parfumés
Que de ses pleurs la tendre Aurore
Dans leur calice avait formés.
Philomèle, par son ramage...
Mais pourquoi tant de verbiage ?
Disons plutôt tout bonnement :
On était au commencement
Du mois de mai : l'hiver avait plié bagage ;
La douce chaleur du printemps
Réjouissait bêtes et gens,
Et moi tout comme un autre.
J'étais dans un jardin,
Qu'avec tout le talent du célèbre le Nôtre,
Un de mes bons amis a planté de sa main.
Quand j'eus bien admiré les bosquets, le parterre,
Je voulus voir le potager.
Un potager plaît d'ordinaire
Quand on aime à manger.
J'allais rêvant à quelque chose,
Ou bien
À rien :
Mais, craignant de mentir, je n'ose
Dire lequel. Un point que j'affirme sans peur,
C'est que je ne m'attendais guère
Que j'allais me trouver témoin auriculaire
D'une querelle sur l'honneur
Entre deux jeunes plantes.