Le Castor généreux Henry Macqueron (1851 - 1888)

Par la force des eaux une digue entr’ouverte
D’un Castor orphelin avait fait le malheur.
Provisions, cabane, objet d’un long labeur,
Ila tout vu partir, irréparable perte !
Son oncle, vieux garçon, vivant seul à l’écart,
Bien logé, bien pourvu, castor deux fois richard,
L’appelle dans son ermitage;
Il t’embrasse en pleurant, et lui tient ce langage:
« Ton père, mon enfant, fut mon frère chéri,
Et nous aimions ensemble. Aujourd’hui ta détresse
Me touche et ton sort m’intéresse.
Ecoute-moi donc bien; je te parle en ami.
Ces jours-ci ta cousine a fait un héritage.
Vu sa simplicité, ces biens sont superflus,
Et fourvoyés dans son ménage.
Enfin elle les tient. De plus,
Castorine a bon cœur ; sinon la chère fille
Ne serait pas de la famille.
Va donc la voir ; peins-lui ton malheur si pressant;
Invoque, mon petit, les droits sacrés du sang.
Mon cœur me dit qu’en ta riche parente
Je n’aurai pas en vain mis ma plus douce attente.
Mais ne tarde pas trop. Tu pourras arriver
Chez elle, en marchant vite, à l'heure du diner. »

Une bonne parole
Cotte moins qu’une obole.

Fable 61




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