Un Joueur d'habitude, assis à l'écarté,
Perdant beaucoup, se lève, et d'un air emporté
Saisit rois et valets qu'il brûle ou qu'il lacère ;
Quand il a de la sorte assouvi sa colère,
Il compte son argent; ( il en restait fort peu ! )
Notre homme alors s'afflige, et maudissant le jeu,
Il conseille à chacun de fuir comme la peste
Une passion qu'il déteste.
« Rien, s'écriait-il, rien n'est plus pernicieux
Pour les jeunes et pour les vieux :
C'est un métier abominable ! »
Au bout de ce discours si moral et si beau,
S'en va-t-il? pas du tout : il retourne à la table,
Et se met, plein d'ardeur, à jouer de nouveau.

Livre III, fable 11




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