N'insultons point le misérable,
A ses besoins nous devons nous prêter ;
Sinon, il faut le respecter.
A ce sujet je rapporte une Fable.
Un pauvre Ane sur ses vieux jours,
Après avoir rendu de grands services,
Ne pouvant plus agir manquait de tout secours.
Hélas ! se disait-il, faut-il que tu périsses
En cet état ? mais ce n'est point le fort
Que j'en accuse, et de ma mort
Mes Compagnons font les complices ;
Loin de me soulager ils s'éloignent de moi,
Et je n'ai d'eux nulle assistance :
Cependant celui que je vois
Me donne un rayon d'espérance,
Il paraît généreux. Juger sur l'apparence
C'est se tromper dans son projet.
Bref, celui qu'il voyait était certain Baudet
Jeune, fringant et boufsi d'arrogance,
De qui, sur un ton de pitié
L'Ane souffrant implora la clémence ;
Mais le Seigneur Baudet rempli d'impertinence
Ne répondit que par un coup de pic.
Jupiter indigné s'arme de son Tonnerre,
Le lance sur l'ingrat, et le met en poussière.
C'était bien le payer de ses beaux sentiments.
Que nous ferions heureux si l'on purgeait la terre
De ces Etres impertinents !