Le Courtisan et l'Alouette Jacques Peras (18è)

Un Courtisan disgracié
Vivait tristement à sa Terre :
La disgrâce, dit-on, est souvent nécessaire,
Et rend plus sage de moitié..
Est- on déchu, l'on change de système,
On réfléchit et l'on rentre en soi-même,
C'est ce que celui- ci faisait.
Un beau jour de printemps il vit un Alouette
Qui dissicilement dans les airs s'exhaussait :
L'objet le fixe, il s'arrête, il da guette,
Et n'en perd pas le moindre mouvement...
Sur un oiseau jadis eut-il jeté la vue ?.
Mais, disait- il, elle se tue
Veut-elle aller au Firmament ?.
Elle touche déjà la nue.
Comme il parlait, en un clin d'œil
L'Alouette retombe. Hélas ! quelle pensée
Me vient ! S'écria-t-il : Quoi ! tout n'est donc qu'écueil ?
Du-vol de cet Oiseau mon image est tracée.
L'alouette lui dit : fois sage maintenant,
En vain ton âme est agitée :
Plus on s'élève en un poste éminent,
Et plus la chute en est précipitée.

Livre II, fable 9




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