Reine Lionne était malade ;
Des vapeurs, de l'ennui ; tout lui paraissait fade,
Tout fatiguait ses esprits languissants.
Pour ranimer un peu les sens
De cette compagne fidèle,
Sire Lion rassemblait auprès d'elle
Les esprits les plus vifs et les plus amusants.
Là, le prince des courtisans,
Le Renard débitait des mots pleins de finesse,
De piquantes allusions ;
Et, bon mime, de l'homme imitant les façons,
Le singe avec talent persifflait notre espèce ;
Puis, dame Agasse au penchant babillard,
A l'humeur gaie et médisante,
Dans mainte anecdote amusante
Drapait et le tiers et le quart.

Soins superflus ! ressource vaine !
Dans ce cercle la souveraine
S'animait un moment, souriant avec peine,
Mais bientôt revenaient et langueur et dégoût.
Enfin pour essayer de tout,
(Chez Galien ce n'est chose nouvelle)
La Brebis avec la Gazelle,
Comme dames d'honneur parurent à la cour.
Ignorantes du bel usage,
D'abord leur air timide et même un peu sauvage
N'eut pas un grand succès dans ce brillant séjour ;
Mais une indulgence infinie,
Une inaltérable bonté
Surent gagner le cœur de notre Majesté ;
La reine devint leur amie.
Au médecin dès lors plus de recours,
Cette amitié, charmante flamme,
Mieux que bons mots et beaux discours,
Remplit le vide de son âme,
Et la santé revint lui rendre ses beaux jours.

Esprit, tu plais, tu fais sourire ;
Quelquefois on te craint, quelquefois on t'admire ;
Mais Bonté, l'on t'aime toujours.





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