Le Renard et l'Écrevisse Jean-Aimé Gaudy-Lefort (1773 - 1850)

Maître Renard en belle humeur,
Devant les animaux, un jour sur sa lenteur,
Raillait sans pitié l'Ecrevisse.
Hé bien, dit celle-ci, voyons, entrons en lice,
Et nous saurons qui sera le vainqueur.
Jugez à ce dési si l'on rit de bon cœur.
Mais l'Ecrevisse dit : Vous savez le proverbe :
Rira bien, beau monsieur, qui rira le dernier.
Lors on choisit une place sur l'herbe,
Et l'on désigne un grand pommier
Pour le but de la course. Argus, beau lévrier,
Nommé juge du camp, la carrière fournie,
Devant la troupe réunie
Doit décerner le prix. A l'instant du départ
Que fait la rusée Ecrevisse ?
Elle recule, et puis se glisse
Tout doucement derrière le Renard,
Et s'accroche à sa queue en pinçant avec art
Cette fourrure protectrice.
Le fardeau n'était pas bien lourd ;
Sans de rien se douter, on s'élance, l'on court ;
Puis de l'arbre, à deux pas à peine,
Se retourne maître Renard
Pour voir où reste dans l'arène
Le pauvre malheureux traînard.
Après avair partout promené son regard,
A son dépit aisément on peut croire,
Lorsqu'il le découvrit, joyeux et goguenard,
Touchant au but et gagnant la victoire.





Commentaires