CBSAR et Mustapha, chiens unis d'amitié,
Vivaient entre eux comme Oreste et Pylade.
Couple jamais ne parut mieux lié.
Mustapha souffrait-il, César était malade.
Un matin, ce dernier,
Chasseur de son métier,
Court, saisit une poule, et bientôt l'innocente
Disparaît sous sa dent.
Ah ciel ! mon compagnon,
Dit le bon Mustapha, pardon !
Pour l'avenir ce trait-là m'épouvante ;
Vous avez des os à foison,
Pourquoi donc vous nourrir d'une bête vivante
Et par sa mort désoler ses petits ?
Hélas ! entendez-vous leurs cris ?...
La remontrance était sensée,
Mais devant témoins déplacée,
Bientôt elle eut d'Oreste allumé la fureur.
Pylade a beau faire et beau dire ;
Il est happé, cet imprudent censeur,
Un bout d'oreille on lui déchire.

Donnez-vous, amis, plus discrets,
Des éloges publics, et des avis secrets.

Livre II, fable 23




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