Un âne était sur la litière ;
On eût cru qu'il allait mourir ;
Mais l'artiste vétérinaire
Avait promis de le guérir.
Sur le bruit de sa mort prochaine,
Des loups affamés et méchants,
Dans l'espoir d'une bonne aubaine,
Accoururent à travers champs.
L'un d'eux, d'un air très pitoyable,
De la bonté prenant le ton,
Lui dit humain et charitable,
Je vous apporte un confortable
Pour håter votre guérison.
Comment êtes-vous ? Mieux •, dit l'autre,
Sans doute, que vous n'espérez ;
Ne faites pas le bon apôtre,
On sait quel motif est le vôtre :
C'est ma peau que vous désirez.

L'âne, c'est le célibataire
Qui, tristement, fléchit sous le poids de ses maux,
Et, les loups, la bande-corsaire
Des avides collatéraux.

Livre III, fable 10


Fable ésopienne

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