Certain Soir deux renards, l'un jeune et l'autre vieux,
S'en allant à la découverte,
D'un poulailler trouvent la porte ouverte ;
Pour nos larrons quel coup heureux !
Pour les poulets quelle funeste alerte !
Ils les étranglent tous, sans faire aucun quartier ;
Le poulailler bientôt n'offre plus qu'un charnier.
Aux frais de la pauvre volaille,
Comme ils faisaient joyeusement ripaille,
Et s'en donnaient à qui mieux mieux :
Il ne faut pas tout manger, dit le vieux ;
Qui sait si nous aurons demain pareille chance ?
Bah ! l'autre lui répond, vous vous moquez, je pense ;
Je ne m'arrête pas en un si beau chemin.
Il ne l'écouta point, et fut toujours son train.
Enfin, pour en avoir trop fourré dans sa panse,
Comme il le méritait notre gourmand creva.
Le vieux, se prévalant de son expérience,
Revint le lendemain pour finir sa pitance ;
Mais d'un coup de bâton le maître l'assomma.
Ainsi chacun des deux reçut sa récompense.
D'une manière ou d'autre, il faut que le méchant
Trouve de ses forfaits le juste châtiment.

Livre II, fable 31




Commentaires