Le Pacte des Souverains Le Marchant de Viéville (17?? - 18??)

À tous les souverains de la terre et de l'onde,
Un philosophe-roi, guidé par les vertus,
Grand réformateur des abus,
Digne enfin de régir le monde ;
Pour détruire les malfaiteurs,
Fit proposer jadis un pacte mémorable.
« Ce qui grossit leur cohorte effroyable
Est de trouver refuge ailleurs,
Disait-il : Convenons par une acte authentique,
De nous envoyer en tout temps,
De ces gens vils les vrais signalements,
Et de sévir contre eux en bonne politique.
N'ayant plus d'asile assuré,
Chaque homme tremblera de se souiller d'un crime ;
Et le mortel le plus dénaturé,
De l'homme vertueux recherchera l'estime. »
On applaudit à ce traité,
Même il passa d'un accord unanime.
Un criminel était-il arrêté ?
Il était renvoyé vers son roi légitime.
Le crime en aucun lieu ne fut en sûreté.
Au sein des hameaux et des villes
On vit alors régner l'aimable paix,
Les citoyens vécurent plus tranquilles,
Et l'on commit rarement des forfaits.
Cette convention hélas ! si nécessaire,
Avec le temps se rallentit :
Les criminels ont surchargé la terre
Depuis que ce pacte est détruit !

Livre I, fable 23




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