Un jour, en labourant sa terre,
Un paysan trouva quelques pépites d’or.
Il crut qu’un immense trésor
Se cachait là dans le mystère.
Il se mit à chercher, fouillant de toute part
Au hasard
Du pic et de la bêche ;
Mais la chance, revêche,
Ne lui souriait pas souvent.
Il n’en gardait pas moins son aveugle courage
Et creusait plus avant.
Il négligea son labourage
Et ne faucha plus de moissons
Aux gais refrains de nos chansons.
La dépense augmentant bien plus que les recettes,
Il fit des dettes ;
Mais il s’en moquait bien.
Combien
Voudraient être à sa place, avoir la perspective
De la fortune et des honneurs,
Et puis voir, en définitive,
À leurs pieds tous les sermoneurs !
— Je serai, pensait-il, commissaire d’école ;
On commence par là.
Je serai président d’un grand cercle agricole,
Et, pour cela,
J’apprendrai peut-être
De quelque bon maître
À signer mon nom au lieu d’une croix.
Je serai marguillier. Plus que cela, je crois,
Je serai maire en ma paroisse
Et préfet du comté.
Je vois les envieux, je comprends leur angoisse…
Mais je veux user de bonté
Et ne traiter personne avec outrecuidance.
Or, une fois en évidence,
Il me sera facile assurément
De devenir membre du Parlement…
On me recherchera. Tiens ! déjà ?… Sur ma porte
Je vois bien, n’est-ce pas, la députation ?…
Je gage qu’on m’apporte
Une humble réquisition.
Allons au-devant tout de suite ;
Soyons digne, c’est bien, mais pas trop obstiné…
Hélas ! c’était une poursuite ;
Il était ruiné !
Braves cultivateurs qui cherchez la fortune,
Quand vient la saison opportune
Fouillez bien votre sol, bêchez votre terrain,
Mais pour y semer du bon grain ;
Tout le reste, pour vous, serait de la démence.
Enterrez bien cette semence,
Votre trésor,
La pluie et le soleil la changeront en or.