Une bande de geais, babillards et goulus,
Sur un grand cerisier poussaient des cris de joie,
Savourant les doux fruits que le Ciel nous envoie,
Quand les mois de l'hiver sont enfin révolus.
Ils en avaient la gorge pleine,
Et s'écriaient : « Ah ! quelle aubaine !
Après la neige qui s'en va
Le Seigneur Dieu nous devait bien cela. »
Les pandours à pareille fête
Eurent bientôt perdu la tête !
De temps en temps, l'un d'eux disparaissait...
Un madré paysan, caché dans la broussaille,
Leur envoyait de la grenaille,
Puis, tout joyeux les ramassait.
Le bruit du coup et sa lumière
De leur banquet ne pouvaient les distraire.
Le dernier s'aperçoit, enfin,
Qu'il reste seul, n'ayant plus de voisin.
Il essaye aussitôt de prendre sa volée
A travers la vallée...
Mais il ne peut, étant trop saoul ;
Il tombe, et le vilain va lui tordre le cou.
Mes amis, concluons de cette triste histoire,
Qu'en face d'un danger,
On a grand tort de trop manger
Et surtout de trop boire.