Le Rossignol, l'Aigle et les Geais Emile Erckmann (1822 - 1899)

Un pauvre rossignol se mourait de misère ;
À la race des geais il avait voulu plaire,
Et pour ce peuple gueux, ignorant et braillard,
Le chant du rossignol ne valait pas un liard.
Or, il advint qu'un aigle, amateur de musique,
Lui dit : « Cher rossignol, viens chanter à ma cour ;
Tu pourras célébrer, d'un accent héroïque,
Ma force, ma grandeur, les plaisirs et l'amour ;
C'est de haut seulement que la gloire rayonne ;
Tu seras le plus beau joyau de ma couronne. »
Le brave rossignol lui dit avec fierté :
« Je ne vendrai jamais, jamais ma liberté ! »
Il mourut. Et les geais, pour rabaisser sa gloire,
Décernèrent la palme au merle de Grégoire.

Livre II, fable 20




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