Le Rossignol et l'Hirondelle Babrius (Ier - IIème siècle)

Un jour l'hirondelle, quittant ses champs, s'envola dans un bois qu'habitait l'harmonieux rossignol ; il y pleurait Itylus, enlevé bien avant l'âge. Toutes deux se reconnurent à leurs chants ; elles volèrent l'une vers l'autre, et s'entretinrent ainsi : « Ma sœur, dit l'hirondelle, que les dieux vous prêtent vie ! Voici, depuis le temps de Thrace, la première fois que je vous retrouve ; toujours quelque divinité ennemie nous a séparées ; toutes jeunes encore, nous vivions loin l'une de l'autre. Revenez aux champs, revenez vers la demeure des hommes ; là, vos accords seront entendus du laboureur, et non d'animaux sauvages. Nous habiterons ensemble, en amies, sous le même toit. Quittez cette forêt sans abri, venez partager avec moi chez l'homme ma maison et mon nid. Pourquoi rester exposée au froid des nuits humides, à la chaleur brûlante qui dévore ces solitudes ? De grâce, dites-moi votre avis, et qu'il soit sage. » Alors l'harmonieux rossignol : « Laissez-moi parmi ces roches inhabitées, ne m'arrachez pas de ces montagnes sauvages. Depuis Athènes, je fuis les hommes et les villes ; la vue de leurs maisons, leur commerce, ravivent la douleur de mes vieilles infortunes.

De sages entretiens, la philosophie, la solitude, peuvent consoler d'une mauvaise destinée ; il est dur de revoir, lorsqu'on est dans le malheur, ceux qu'on a eus pour témoins d'une meilleure fortune.

Fable 12




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