— Sauve-toi ! sauve-toi ! cours donc, stupide lièvre !
Oh ! quelle bonne peur !…
Je te donne la fièvre
Et te fais rudement secouer ta torpeur !
On me le disait bien que tu n’étais pas brave
Et que la fuite était ton jeu
Quand le danger devenait grave,
Mais je croyais, vraiment, que l’on mentait un peu.
Ainsi maître renard, tout fier de sa vaillance,
Injuriait un lièvre en le suivant de près.
Le lièvre répondit :
— Je sais ta malveillance,
Mais je ne te fuis point exprès ;
La peur qui me tourmente
Vient du loup affamé qui court derrière toi.
— Un loup ? fait le renard dont la vitesse augmente,
Ô lièvre, mon ami, va moins vite, attends-moi.
Il est bien ridicule
De se croire plus fort que celui qui recule
Devant une menace ou la vigueur d’un bras ;
Il est assez stupide
De se croire une égide
Quand on crie au secours pour le moindre embarras.