Un renard glapissait d’une façon bien triste :
Il s’était pris au piège. Un loup-cervier touriste,
Curieux de savoir la cause de ses cris,
Pour le venir trouver s’écarta de sa route.
— Voyez, dit le renard, comme me voilà pris ;
Ah ! je méritais mieux sans doute !
Je suis victime du devoir ;
On vous disait malade et je courais vous voir.
— Ma griffe est forte,
Répond le loup-cervier que le plaisir transporte,
Ma griffe est forte et je suis bien adroit ;
Je ne saurais laisser renard au cœur si droit
Dans un danger si redoutable ;
Il faut être plus charitable.
Je vais ouvrir le piège ; allons, pauvre captif,
Ôtez-vous, soyez vif.
Le loup-cervier, alors, par un effort suprême,
Ouvre le piège un peu ;
Il sauve le renard, mais il se prend lui-même.
— Adieu !
Lui dit avec artifice
Le renard en partant ;
J’admire fort ton sacrifice
Mais n’ose pas en faire autant.
Ne faites pas le bien pour de vils honoraires ;
Écoutez votre cœur, mais aussi la raison.
Si de flatteurs discours vous rendent téméraires
Vous ne serez payés que par la trahison.