Chacun agit à sa manière
Et marche au but tant bien que mal :
N'étant pas d'humeur chicanière,
Je dirai que ça m'est égal.
Cependant un conseil ne saurait jamais nuire,
Et l'un seul d'entre vous dût-il en profiter,
Que je ne saurais hésiter,
Pour l'instruire,
À vous l'offrir à tous avec mes compliments ;
Tenez-moi compte, au moins, de mes bons sentiments.
Deux amis, qui restaient dans le même village,
N'avaient pas du tout
Le même goût ;
Tous deux ils faisaient étalage
De leurs principes faux
Qu'ils croyaient sans défauts.
L'un disait ;
Que la vie est brève !
On travaille, on espère en vain :
Ce n'est rien qu'un beau rêve
Qui peut finir demain.
Et, se croisant les bras, il restait sans courage,
Et son ouvrage
Ne se faisait pas.
Il était indigent et, plusieurs fois l'année,
Dans la journée,
Il ne faisait qu'un seul repas.
L'autre, tout au contraire,
Était un esprit fort
Et croyait à la mort
Toujours se soustraire.
Il travaillait beaucoup,
Et traitait le bon Dieu comme chose importune…
Il fit une fortune
Et mourut tout à coup.
Voici la leçon qui doit suivre :
Travaillez comme si vous deviez toujours vivre,
Puisqu'ici le travail est un divin impôt,
Mais vivez en pensant que vous mourrez bientôt.