Au mois où tout se renouvelle,
Mois charmant, dont hélas ! on voit si tôt la fin,
Lycas, sur un Rosier, venait chaque matin
Cueillir quelque rose nouvelle.
A ce jeu-là, dit-on, il se piquait parfois
Les doigts ;
Mais il n'en tenait compte, et généreux, pour cause,
Pardonnait a l'épine en faveur de la rose.
Le temps qui détruit tout, et surtout la beauté,
Dépouilla le Rosier de ses fleurs purpurines.
Son feuillage jaunit, par l'automne insulté,
Et sa tige, à l'œil attristé,
N'offrit bientôt que des épines.
Par un beau jour d'hiver, Lycas, à petits pas,
Traversait le jardin, rêveur, mélancolique ;
Tout à coup ne voilà-t-il pas
Que le Rosier l'accroche, et rudement le pique !
Lycas s'enflamme de dépit,
Et dit à l'arbrisseau, que l'hiver déshonore :
Quoi ! tu n'a plus de fleurs, et tu piques encore !
C'en est trop, arbuste maudit !
Il prit sa serpe, et le tondit.
Doris, au printemps de votre âge,
C'était votre plaisir que de piquer les gens.
On vous le pardonnait. Mais déjà, quel dommage !
De l'hiver qui survient vous éprouvez l'outrage,
Et vos amis pour vous cessent d'être indulgents.