Au pays de Siam il est une manière
Ingénieuse 8c singulière
D'apprivoiser les Eléphants ;
Ce détail est peu nécessaire ;
Je ne dirai que des faits très constants :
Un Eléphant privé, qu'on dresse à ce manège,
Aux Eléphants des bois sert à tendre le piège.
On y place des nœuds coulants.
Alors notre émissaire habile
Se joint aux Eléphants de la troupe indocile,
S'attache à l'un des phis beaux, des plus grands ;
II l'amadoue, il le caresse,
Il le cajole avec adresse,
Le flatte de sa trompe et ne le quitte pas,
Qu'il ne soit tombé dans les lacs.
C'est bientôt fait : il se prend, on le lie
A l'Eléphant privé : celui-ci sur ses pas
Doucement, sans qu'il s'en défie,
Le conduit à son écurie
Par un chemin bordé de pieux.
L'animal enfermé, voyant la tromperie,
Devient aussitôt furieux ;
Il se débat, s'agite et crie ;.
Mais peu de jours après, sans qu'on en vienne aux coups,
Ce farouche Eléphant s'apaise et devient doux.
Puisqu'un animal si sauvage
S'apprivoise par la douceur ;
Peut-on prendre un moyen plus sage,
Pour former des enfants et l'esprit et le cœur,
Et dompter leur farouche humeur ?