L'Écureuil Pierre Didot (1761 - 1853)

Depuis plus de six mois un écureuil privé
Faisait tous les plaisirs de sa jeune maîtresse.
Il paraissait sensible à sa moindre caresse :
Jamais il n'était arrivé
Que, libre de courir, une seule minute
Il l'eût quittée ; et la raison,
C'est qu'il trouvait toujours dans sa main du bonbon.
Il savait faire la culbute ,
Contrefaisait le mort, sautait sur un bâton.
Ses qualités les plus parfaites,
A mon gré , c'est qu'en aucun temps
Il n'avait exercé ses dents
Que sur du sucre ou des noisettes.
Il en tenait encore un assez gros morceau
(Nouveau bienfait de sa maîtresse),
Qu'il mangeait avec gentillesse :
Sa queue en remontant ombrageait son museau ;
Entre l'une et l'autre patte,
D'une façon délicate
Il le tenait,
Le retournait,
Lorsque Claude, un laquais, pour s'amuser, l'agace,
Lui prend son sucre, le lui rend,
Puis encore le lui reprend.
De ce jeu l'écureuil se lasse ;
Il est tout prêt à se fâcher ;
Et, sans autre raison, du malicieux Claude
Il reçoit une chiquenaude
Qui l'oblige à s'aller cacher.
Le petit animal, irrité, plein de rage ,
En grondant s'enfuit dans sa cage.
Sa maîtresse arrive aussitôt.
Vite, à son écureuil elle ne fait qu'un saut :
A peine elle le voit paraître
Qu'elle va pour le caresser ;
Mais soudain jusqu'à l'os elle se sent percer.

Fable 27




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