Sous les étreintes de la fièvre ,
Souffreteux, un enfant dans un berceau gisait ,
De ses petites mains écartant de sa lèvre
La coupe qu'on lui présentait.
— « Trop d'amertume a ce breuvage ;
De te boire point n'ai courage, »
Disait-il ; » bonne mère ! Oh! ne me gronde pas! »
— « Bois sans nulle crainte, ô mon ange !
C'est la sante que tu boiras;
D'un doux nectar le doux mélange
En mitige le fiel étrange ;
Bois si tu m’aimes, cher petit! »
Répondit la mère anxieuse,
Bois si tu veux me rendre heureuse. »
- « Je t'aime ! » Et enfant plus ne dit ;
Mais il prit des mains de sa mère
La coupe et la but tout entière.
Un doux baiser en fut l'acquit.

Presque toujours, hélas! la coupe de la vie
N’offre à nos lèvres que du fiel ;
Mais la religion y mêlant son doux miel
En adoucit même la lie.

Livre II, fable 5


El-Biar, 10 Aout 1853.

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