Des forêts de l’Atlas transporté dans Florence,
Enorme, à la crinière immense,
Un Lion, captif indompté,
De sa cage brisa l'entrave;
La bouche écumante de bave,
Et l'oeil de sang tout injecté,
A travers la ville éperdue,
Terrible, il s’élance, il bondit;
Homme, femme, enfant, a sa vue
Tout se précipite, tout fuit.
Une Mère !.:. douleur atroce!
Dans son élan désordonné
Sur les pas du monstre féroce
Laisse tomber son premier-né.
Le monstre s’en saisit ; folle, hors d’elle-même,
La Mère jette un cri suprême
Et sur l’animal étonné
Fixe un de ces regards de flamme
Ou, sublime rayon de Dieu,
Tout entiére jaillit notre ame.
Fasciné sous cet cil de feu,
Le monstre perd toute colère,
Demeure immobile un moment ;
Puis il pose l'enfanta terre ;
Puis il s'éloigne lentement.
Depuis mes premiers ans je garde en ma mémoire,
Enfants, cette touchante histoire ;
Je vous l'offre aujourd'hui comme moralité.
Qu’y trouvons-nous ? que la force brutale
Cède un empire incontesté

Livre III, fable 2


Alger, 22 octobre 1853

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