Certain rat, par distraction
Écarté de sa promenade,
Voit avec consternation,
Au loin, un chat en embuscade !
« Que faire ? où me cacher ? dit-il,
Je ne vois ici nul refuge,
Et les chats ont le nez subtil ;
Essayons quelque subterfuge. »
En cet instant, passe un crapaud.
« Bon ! dit le rat, j'ai mon affaire. »
An reptile, à l'instant, il arrache la peau,
Et s'en fait un joli manteau ;
Puis, se résigne et délibère.
En attendant, accourt le chat,
Et dit: « Près de ce marécage,
J'ai cru voir rôder certain rat ! »
L'autre, en déguisant son langage,
Répond : « Oui, c'était un rat d'eau ;
Il vient de se plonger dans l'onde,
Je le vois près de ce roseau.
— Je n'y vois rien. — Cette marc est profonde. »
Mais le chat a quelque soupçon,
Et dit d'une voix doucereuse :
« Mon cher, tu fais bien le plongeon,
Cherche-moi ce rat jusqu'au fond,
C'est une bête dangereuse. »
Pour compléter son rôle et son déguisement,
Le rat, prompt comme un hoche-queue,
S'élance, gracieux ; mais, en se retournant,
Il laisse apercevoir sa queue
Qu'il a négligé de cacher.
Il n'en fallait pas davantage :
- Le chat saute, pour l'éplucher ;
Ce n'est pour lui qu'un badinage.
On se déguise en vain, toujours par quelque trait
L'on se trahit, et montre ce qu'on est.