Le Potier et la Vieille Prosper Wittersheim (1779 - 1838)

Un potier, né pour la sculpture,
Dans sa vocation
Ne consultant pas la nature,
Manqua sa destination.

Or, certain qu'il emporte
La concurrence, il s'établit.
Pour enseigne à sa porte,
Au lieu d'un pot de lustre enduit,
Il met des figures en terre ;
Vénus, Mars, Cupidon,
Le maître du tonnerre.
« Je vais, dit-il, enlèver les pratiques
A Jous mes tristes concurrents,
Prouver qu'ils sont des ignorants,
Et les forcer à fermer leurs boutiques. »

Erreur ! les conffères prudents
Se moquent de son étalage,
Et vendent leurs pots aux passants.
L'artiste, furieux, enrage !
Pas un chez lui n'entre au passage.

Devant sa porte, un jour,
Montrant Vénus, il jure, il crie,
Et traite chacun, sans détour,
De sot, en fait de poterie.

Passe une vieille qui dit : « Des sots
Bon ! Es-tu potier ? Fais des pots ! »

Livre III, fable 9




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