Le sabre et le fourreau disputaient fortement,
Pour savoir qui des deux est le plus nécessaire.
Le premier alléguait, qu’utile pour la guerre,
Pendant la paix, encor, il servait d’ornement,
Et pouvoir se passer de l’autre absolument.
Le fourreau se voyant méprisé de la sorte :
T’en passer ? Cria-t-il, ingrat, cœur de païen,
Que ferais-tu, sans moi ? Je fais qu’on te supporte,
Sans moi, ton corps tranchant, qui découpe si bien,
Mutilerait le maître qui te porte,
Qui, de dépit te mettrait à la porte,
Où, la rouille, sans moi, te réduirait à rien.
A cela que peux-tu répondre ?
Malgré ton éloquence et ton air satisfait,
Dit le sabre, un seul mot suffit pour te confondre,
Sans moi, l’on ne t’aurait pas fait.