Des loirs s'étaient, de bon matin,
Assemblés sous un chêne; on ne sait de quel saint
Nos drôles célébraient la fête ;
Mais tous étaient joyeux. Pendant qu'ils sont en train,
Une grêle de glands vient assaillir leur tête.
C'était le nébuleux autan
Qui causait cet affreux ravage.
Hé! hé! dit l'un, est-ce a nous qu'on s'en prend?
Ne vengerons-nous pas l'outrage?
Courage, vaillants compagnons,
Unissons nos efforts ; minons,
Et qu'aujourd'hui ce téméraire
Apprenne du peuple loir
A connaitre son devoir.
'De son vaste contour enlevons cette terre.
Loirs, des griffes, des dents creusent de toutes parts :
"Atout moment l'ardeur se renouvelle ;
On eût dit une armée attaquant les remparts
D'une superbe citadelle.
Celui qui fut jadis nourricier des humains,
Sent bientôt sous ses pieds de vastes souterrains ;
Il ne tient déjà plus qu'a la mère racine.
Nos mineurs de concert l'attaquent a l'instant.
Au fort de leur travail survient un coup de vent
Qui tout-a-coup le déracine.
Le chêne, hélas! les écrase en tombant ;
Et cette vaste mine,
Trop dur, trop funeste destin !
Est le tombeau de ce peuple matin.
Songe qu'en te vengeant tu peux causer ta fin.

Livre IV, Fable 8




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