Un de ces malheureux qui, le long des canaux,
S'en vont remorquant les bateaux,
Marchait, penché devant sa lourde charge ;
Le long câble, passé sur son épaule large,
Se roidissait sous son robuste effort ;
Les peupliers alignés sur le bord
Faisaient la haie,, et le soleil d'automne
Brûlait de ses rayons la route monotone.
L'homme chantait un air mélancolique et lent.
Soudain, un officier au costume brillant 3
Un hussard tout brodée de mine haute et fière,
Débouche d'un chemin dans un flot de poussière ;
Son cheval, l'œil en feu, les oreilles au vent)
Fait trembler sous ses pieds le sol retentissant ;
Comme un éclair il passe aux yeux du pauvre diable,
Qui, tout rêveur, poursuit son labeur misérable.
Survient la guerre : un boulet coupe en deux
Le noble cavalier, tandis qu'insoucieux
Des maux et des dangers que la gloire colore,
Le haleur de bateaux chemine et chante encore.
Un mendiant, bien vivant dans sa peau,,
Disait Sancho, vaut mieux qu'un Roi dans son tombeau.