Certain poisson doué de deux ailes légères
Au-dessus des ondes amères
Un beau jour s'éleva. D'abord l'azur des cieux
D'un éclat inconnu frappe ses jeunes yeux.
Puis, s'avançant plus loin, il voit un beau navire :
Il en fait le tour, il admire
Sa noble majesté, ses contours gracieux.
Les voiles, les agrès, les hommes, la manœuvre,
Tout l'étonné dans ce chef-d'œuvre :
Enfin le superbe vaisseau
Lui paraît un monde nouveau.
Tandis qu'il se livrait à ces vagues pensées,
Ses ailes par l'air desséchées
Ne le soutenant plus, dans l'humide élément
Notre pauvre poisson retombe pesamment.
Bientôt pourtant il revient à la vie,
Et ranimé par la fraîcheur des eaux,
« Ah 1 dit-il, ces pays étrangers sont fort beaux ;
1 Mais rien n'est tel que la patrie. »