Le Cep de vigne et l'Arbre vert Théophile Deyeux (1799 - 1870)

Un vieux cep desséché dans le cœur des hivers,
Était regardé de travers
Par un jeune et beau pin d'Ecosse,.
Qui, déjà haut comme un colosse,
Portait la tète en l’air, et disait aux passants:
Ce vieux cornichon-là doit avoir deux cents ans;
Il n’a pas un cheveu sur la tète,
Sa taille est toute contrefaite :
Il ne se soutient plus; je suis sûr
Qu’il tomberait par terre sans le mur.
J'aimerais cent fois mieux étire mis en bourrée,
Que d’avoir à ce point la figure ridée.
Gardez, gardez votre habit vert,
Dit, fronçant le sourcil et l’œil gauche entr’ouvert,
Un amateur-de la campagne ;
Un jour vous serez grand comme un mat de cocagne;
Je vous prends dans votre plus beau ;
Alors vous fournirez une branche, un rameau,
Qu’on scellera dans la muraille,
Pour annoncer qu’ici l’on boit le vin
De ce cep qui lui seul remplit une futaille,
Et dont vous parlez là d’un ton si haut, si vain.

A vous tous, faquins de la ville,
Qui de votre hauteur regardez en pitié
L’homme modeste, l'homme utile ,
Vous n’en valez pas la moitié.

Fable 12




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