Cette fleur modeste et sauvage,
Habitante des bois , parure des jardins,
Qui tantôt s’enlace au treillage,
Tantôt se suspend au feuillage.
Et de l’humble passant embaume les chemins ;
Dont la branche agile et fleurie,
Comme l’amour, charme et besoin du cœur,
Se montre au mortel voyageur
Dans l’étroit sentier de la vie ;
Le Chèvrefeuille, enfin, de ses légers anneaux
Pressait le feuillage d’un Chêne :
« Laisse-moi, disait-il, autour de tes rameaux
Former une amoureuse chaîne. —
J’y consens, dit l’arbre des dieux ,
Mais je te plains, tu ne pourras me suivre ;
Regarde, mon front touche aux deux,
Et sur la terre il te faut vivre. —
Que tu me connais peu ! répondait l’arbrisseau.
Aussi faible que le roseau ,
Du Ciel pourtant j’ai reçu la puissance
De choisir et d’aimer ; accepte mes liens,
Vois, mes bras s’unissent aux tiens,
Ma tige, comme toi, s’élance. »
Et bientôt le Chêne surpris
Voit la guirlande au-dessus de sa tête
Retomber en festons fleuris,
Et de l’arbuste annoncer la conquête.
Les échos, sur la fin du jour,
Disaient dans un chant de victoire :
« Mortels, le Ciel a fait l’amour »
Pour embellir et consoler la gloire. »