La Fauvette, ses Petits et le Chat Alexis Rousset (1799 - 1885)

Au sein d'un bosquet,
Certaine fauvette
Avait, en secret,
Construit la couchette
Où, sur le duvet,
Sa jeune famille
Dort, mange et babille.
Elle avait cherché,
En mère prudente,
Un lieu bien caché,
Car tout l'épouvante :
L'épervier, le rat,
Et surtout le chat,
Sans parler de l'homme.
Et, justement comme
Elle allait, venait,
Un chat s'obstinait
Méchamment à suivre
La mère aux abois,
Tenant fort à vivre
Encore un grand mois.
Bref, la patience
Un jour lui manqua.
Que cherches-tu là,
Méchant, vile engeance !
Quoi ! te faire un jeu
De la plainte amère
D'une pauvre mère !
C'est offenser Dieu.
En voudrais-tu, traître,
A mes chers petits ?
Ah ! tu sais peut-être
Où je les ai mis.
O douleur affreuse !
Qui les sauvera ?
Mais Dieu châtiera
Ta race odieuse.
- Je ne savais pas,
Répond l'hypocrite,
Qu'un si bon repas
M'attendit au gite,
Suspendu, je crois,
Dans ce petit bois.
Je m'y rends bien.vite. -
Le méchant y court,
Guidé par la mère
Qui se désespère,
Et pour couper court,
Il furette et trouve
Le nid ; ce qui prouve
Qu'on peut d'un seul mot,
Dit, par peur, de trop,
Se rendre blâmable
Et bien misérable.

Cache bien au méchant ton côté vulnérable.

Livre II, fable 3




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