Que j'aime à lire en la genèse
L'histoire du fruit défendu !
Esprits forts, ne vous en déplaise,
Rien ne m'est mieux prouvé, j'en suis tout convaincu,
D'Eve et d'Adam je suis bien descendu.
La femme ! quelle est bien encor la même femme !
Pétrie et de faiblesse et d'amabilité,
La simple curiosité,
Ainsi qu'aux premiers jours domine encor son âme
Et son cœur !... Ah ! la sensibilité,
Ainsi qu'aux premiers jours, et l'exalte et l'enflamme !
Son empire sur l'homme est toujours assuré.
À la séduction du tentateur superbe,
La voyez-vous ? À prune elle a cédé,
Volant, son pied joli rasant à peine l'herbe,
A ton ami, son amant, son époux
Elle porte sa part d'un fruit si beau, si doux.
Adam ! vols, qu'il est beau ! «route, goûte, mon âme J
Adam s'écrie : O femme, femme !
Qu'as-tu fait ?... Tu nous as perdus !...
Perdus, dit Eve, hélas ! n'en veux plus !
Pour ton malheur Eve, Eve serait née !...
Pour son malheur, ô Dieu ! m'aurais-tu donc fermée !...
Ah ! malheureux serpent, tu m'as trompée !...
Donne, reprend Adam : dans le bien, dans le mal
Je veux suivre ta destinée !
Il dit... et goûte au fruit fatal.
A tous les maux voilà sa race condamnée !..
Et par-là je reviens à mon premier début.
Nous payons chacun le tribut
A l'orgueil, la faiblesse. Hélas ! c'est le servage
Que nous héritons tous de nos premiers parents.
Le plus petit, le plus noble ménage
Nous représente à tous moments
Cette scène du premier âge.