Maître hibou, rongé d'ennui,
Rend visite un matin aux oiseaux du bocage.
Mais son air rechigné, son cri rude et sauvage,
Et son œil clignotant par le jour ébloui,
L'ont bientôt fait traiter de grossier personnage,
De pécore, d'original,
Qui des hôtes de l'air n'a rien que le plumage.
Honteux d'un tel accueil, le nocturne animal
Regagne promptement son obscur ermitage.
Il y reçoit, dit-on, parfois quelques hiboux,
Pour ne pas perdre l'habitude
De conter qu'au bocage on ne voit que des fous,
Des sots, des méchants, des jaloux,
Et pouvoir, en bâillant, vanter la solitude.

Fuir le monde, en tracer un odieux portrait,
C'est prouver que d'y vivre on n'eut pas le secret.

Livre III, fable 23




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