Un énorme serpent digérait dans sa cage.
De gais lapins broutaient
Et grignotaient
Quelques feuilles de choux sous le même grillage.
Ils étaient là comme chez eux
Et vivaient en famille
Avec l'affreux reptile,
Contents, insouciants, joyeux...
Mais le voilà qui se remue...
La faim du monstre est revenue ;
Sa tête plate, aux yeux ardents,
Se redresse, il ouvre la gueule ;
Un lapin glisse entre ses dents
Comme un grain de blé sous la meule.
Tout cela se fait en silence,
Sans cris... Le monstre se rendort.
Il digère déjà le mort.
Et soudain, nous voyons la danse
Des gais lapins qui recommence.
Les cimetières sont bossus,
Selon un vieux proverbe.
Les morts dessous font pousser l'herbe,
Et les vivants dansent dessus.