Le Jaboty et le Téyu Fables Brésiliennes

Une fois, une Once avait une fille. Le Tèyu voulait se marier avec elle, et le Jaboty, informé des intentions de son rival, dit tout haut chez l'Once que le Téyu était un pas grand chose, et qu’il s’en servait même comme d’un cheval.
Le Téyu, informé de ce propos, déclara à son tour chez l’Once qu’il irait chercher le Jaboly et que devant tout le monde il lui donnerait la correction que méritait cette mauvaise langue. Il s’en alla, en effet, pour le prendre et le ramener.
Le Jaboly était chez lui quand il aperçut de loin le Téyu ; il rentra bien vite à la maison et se mit un fou lard autour de la tête, feignant d’être malade. Le Téyu arriva et l’invita à aller faire un tour avec lui chez leur bonne amie, l’Once. Le Jaboty s’excusa : il était malade, il ne pouvait pas sortir à pied, ce jour-là. Le Téyu insista beaucoup pour l’amener. — Alors dit le Jaboty, emmenez-moi monté sur votre dos. — C’est bien, ré pondit le Téyu, mais vous descendrez bien avant d’arriver à la porte de l’amie Once. — Entendu, répliqua le Jaboty, mais laissez-moi mettre sur votre dos ma selle, car c’est très laid sans cela. Le Téyu se mit en colère : — Non pas, dit-il, je ne suis pas votre cheval ! — Je le sais bien, répondit le Jaboty ; ce n’est pas parce que vous êtes mon cheval que je veux ma selle, c’est parce que c’est très laid autrement. Le Téyu finit par céder — Maintenant, dit le Jaboty, laissez-moi vous passer ma bride. Nouvelle colère du Téyu, nouvelles protestations et suppliques du Jaboty.
Il réussit ainsi à lui mettre sa selle, sa bride, et à prendre un fouet, des éperons, etc.
Les voilà partis. Quand ils furent, parvenus à quelque distance de la maison de l’Once, le Téyu demanda au Jaboty de descendre et d’enlever ses harnais ; il ne voulait pas qu’on le vit jouant le rôle de cheval. Le Jaboty le pria de prendre patience; encore quelques pas, et il descendrait, mais il se sentait bien malade et ne pouvait pas marcher.
Il continua ainsi à tromper le Téyu jusque près de la Porte de l’Once, fin y arrivant.il se mit à le fouetter et à s'éperonner sans pitié, en criant aux gens de la maison : « Hé bien ! Ne vous avais-je pas dit que le Téyu me sert de cheval ? Venez le voir plutôt ! »
On s'esclaffa de rire, et le Jaboty, victorieux, dit à la fille de l’Once : — Allons, jeune fille ; montez sur ma croupe et allons nous marier.
Le mariage s’effectua, en effet, à la grande honte du Téyu.

Folkore brésilien




Commentaires