Le Rêve Fables chinoises

On raconte qu’il y avait autrefois un bachelier qui avait plus d’un tour dans son sac. Son prosesseur était extrêmement sévère ; à la moindre incartade, les élèves n’échappaient pas a la bastonnade.
Un jour, le rusé disciple fut convaincu de faute.
Le maître, bouillant de colère, ’envoya immédiatement quérir et en attendant son arrivée s’assit dans la grande salle.
L’élève entra, et s’agenouillant devant son maître, il dit, sans parler de sa faute:
— Je voulais venir plus tôt, mais j’étais en train de faire des plans pour employer au mieux mille onces d’or qui me sont échues par hasard.
La colère du prosesseur s’évanouit comme par enchantement lorsqu’il entendit le mot "Or",
— D’où te vient cet or ? demanda-t-il vivement.
— Je l’ai trouvé enfoui dans le sol, répondit l'élève,
— Quel emploi songes-tu en faire ? poursuivit le maître,
— Je suis d’une famille pauvre, dit l’élève, nous n’avons pas de propriétés familiales, aussi avons-nous décidé, ma femme et moi, de consacrer cinq cents onces d’or à l’achat de terres, deux cents onces pour nous bâtir une maison, cent pour la meubler et cent pour acheter des esclaves, Des cent onces restantes, la moitié me servira à acheter des livres, car désormais je veux travailler avec ardeur, et j’offrirai l'autre moitié à mon prosesseur pour le remercier des enseignements qu’il m’a donnés. Voila mes plans.
— Est-ce possible? Je ne suis pas digne d’un tel hommage ! dit le prosesseur.
Il convia son élève à un somptueux repas. Tous deux parlaient et riaient et buvaient mutuellement à leur santé. Dans un état voisin de l'ivresse, le maître demanda soudain:
— Tu es venu précipitamment ; as-tu au moins lis l'or dans un coffret avant de partir ?
L’élève se leva pour répondre :
— Hélas! Je n’avais pas encore tout à fait terminé mes plans que ma femme m’a réveillé en se retournant, et quand j’ai ouvert les yeux, l'or avait disparu!
Je n’ai pas eu besoin de coffret. Stupéfait, le prosesseur demanda :
— L’or dont tu parlais, c’était donc un rêve ?
— Mais oui! dit l’étudiant.
Le prosesseur sentit une violente colère l’envahir, mais comme son élève était son invité, il ne put s’emporter contre lui. Lentement, il prononça :
Tu as de bons sentiments pour ton prosesseur, dans tes rêves ; quand tu feras réellement fortune, tu ne m’oublieras certainement pas.
Et de nouveau, il emplit le verre de son disciple.


Xue Tao Xiao Shuo




Commentaires