La Couleuvre et le Lézard Fables Sénégalaises

Dans une case de paille,
Une Couleuvre, un Lézard
Se livraient un jour bataille.
Le maître absent, pour aller au bazar,
Avait couvert dans l'âtre un peu de braise.
Nos champions s'en donnaient tout-à-l 'aise,
Car les voisins se tenaient à l'écart.
« Laissons-les que nous importe
Le Lézard mort ou la Couleuvre morte ?
Disaient le Bœuf, le Coq et le Mouton.
Les séparer ma foi non
Ce n'est pas là notre affaire.
Qu'y gagnerions-nous de bon ?
A ces mots, Aliboron
Par chorus se mit à braire.

En agitant leur longue queue à terre,
Les combattans disperseut le charbon
Le feu prend à la maison
Et notre Coq est brûlé tout en vie.
Nos autres gens, regardant l'incendie,
Disaient encor a Que nous importe ? rien. »
Ils se trompaient, il leur importait bien.
La preuve n'en tarda guère.
Aux gens qui jetaient de l'eau
Pour éteindre la chaumière,
On fit manger le Mouton cuit sous terre,
Emmaillotté dans sa peau.
Le Bœuf vendu fut à la boucherie.
Maître Ane aussi paya son incurie
Il transporta sur son dos.
Le bois, la paille et bien d'autres fardeaux,
Pour réparer les dégâts de la flamme.
Enfin accablé de maux,
Sous les coups il rendit l'âme.

Vite, dès le commencement,
Bien vite apaisez les querelles.
Plus tard où s'arrêteraient-elles ?
Souvent les moindres étincelles
Peuvent produire un vaste embrasement.

Fable 24




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