Fuyant plus rapide qu'un trait,
Un Cerf, lancé dans la forêt,
Avait laissé bien loin derrière
Les chasseurs et la meute entière.
Prenons un moment de repos,
Dit-il, au bord d'une fontaine.
Les chiens, en défaut dans la plaine,
Me laisseront le temps d'apaiser dans ces eaux
Les feux allumés par ma course.
Le Cerf, à ces mots', dan9 la source,
Entre, plonge et baigne à loisir
Ses membres qu'il croit rafraîchir ;
Mais hélas ! cette onde fatale,
Loin de lui rendre la vigueur,
Ne fait que hâter son malheur.
La meute approchant, il détale ;
Mais lorsqu'il veut courir, arrêté par le froid,
Il tombe au premier bond, se lève et tombe encore.
Inutiles efforts. Il meurt au même endroit.
La cohorte aboyante arrive et le dévore.
Point de repos, point de plaisir,
Avant de terminer une affaire importante :
Ou bien, à la douceur de celui qui nous tente,
Succède un amer repentir.

Livre II, fable 7




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