Le Papillon et la Colombe Jean-Louis-Marie Guillemeau (1766 - 1852)

Un papillon, tout fier de sa parure,
À la colombe exaltait son destin ;
Je suis, lui disait-il, l'honneur de la nature,
Mon pouvair est presque divin :
Sous diverses métamorphoses,
Je sais me montrer tour à tour,
Et je ne fais jamais ma cour
Qu'aux fleurs les plus fraîches écloses.
Volant de plaisir en plaisir,
Rien ne fixe mon cœur volage ;
Et si, d'aimer, je n'ai pas l'avantage,
Chaque moment, du moins, satisfait un désir.
Que je vous plains, lui dit la colombe timide,
Vous suivez un sentier trompeur :
Des plaisirs, l'amorce perfide
Ne conduit jamais au bonheur.
Imprudent papillon, l'amour vrai n'a point d'ailes ;
Croyez-moi, renoncez à vos égaremens ;
Oui, le bonheur est pour les cœurs fidèles ;
Sa seule image est pour les inconstans.

Jeunes époux, sous cette allégorie,
Reconnaissez le vœu de vos amis ;
De la colombe, en suivant les avis,
Vous saurez éviter les chagrins de la vie.

Livre VI, fable 6


Fable allégorique, pour un mariage

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