Un singe, par hasard, vit le portrait charmant
D'un chef-d'œuvre de la nature ;
Qui donc s'est avisé de joindre à ma figure
Dit-il, un si riche ornement
Et tous ces habits en peinture ?
Car, certes c'est bien mon portrait
Que l'artiste a désiré peindre !
Voici mon front, mes yeux, en vain je voudrais feindre ;
Je me reconnais trait pour trait....
Quelqu'un, témoin d'un si sot bavardage,
Voulant humilier l'orgueil de l'impudent,
Lui mit devant les yeux un miroir, en disant :
Voyez si c'est bien votre image ?
Mais notre magot, irrité,
Jura que tout ceci n'était qu'une imposture,
Et que, dans cette conjoncture,
Le miroir était loin d'offrir la vérité.
De toutes nos erreurs l'amour-propre est la cause
Près de lui la raison est sans autorité ;
A de graves chagrins l'homme pourtant s'expose
Lorsqu'il ne prend conseil que de sa vanité.